Ce matin quand j'ai vu les chiffres des participants au concours, l'Espoir était là, à côté de moi.

438 inscrits pour 20 places.

C'est le plus petit ratio que j'ai jamais vécu dans un concours de la cul. 298 présents seulement au final, jamais vu des chiffres aussi coolos.

Je rayonnais de partout, j'étais en train de me dire qu'en étant bien sérieuse et concentrée, en m'appliquant sur ma rédaction, c'était bon je l'avais mon ticket d'entrée.

Puis je suis entrée dans la salle, me suis assise au milieu des gens dont le nom commence par un C en me sentant comme une usurpatrice (mon nom de jeune fille est tout à la fin de l'alphabet, c'était mon premier concours avec mon nom de femme mariée) et la surveillante a posé le sujet devant moi.

Et l'Espoir m'a quittée.

J'en pleurais de rage à midi.

15 questions. 12 sur des sujets relatifs aux bibliothèques et aux métiers du livre, 3 sur les archives. ZERO sur les musées.

ZERO.

La claque de réel dans la face. Tu as passé TA VIE à te former dans un domaine qui ne tombe PAS aux concours. (cf mon oral sur la "mutualisation dans les bibliothèques" il y a 2 ans pour une candidature en "SPECIALITE musées"). On ne cherche donc de toute évidence qu'à recruter des bibliothécaires, les autres n'ont qu'à continuer à crever de faim au RSA.

Alors j'ai sauvé les meubles. On a fait le calcul avec Johm tout à l'heure, je devrais avoir 13 à cette épreuve.

13 c'est bien mais c'est encore PAS ASSEZ. Surtout que 13 c'est la note que j'aurais si je passais un examen, pas un concours où je suis évaluée en fonction des résultats des autres candidats.

Je sais qu'il y en a beaucoup d'autres qui ont bien mieux réussi que moi car en écoutant les conversations 70% des candidats TRAVAILLENT déjà dans une bibliothèque.

Ca aussi putain ça m'énerve. Nous candidatons en EXTERNE. Déjà je suis défavorisée dans ma copie de cas pratique car les autres il leur suffit de décrire leurs journées de travail lambda quoi. Moi je dois tout inventer. Egalité des chances mon cul ouais.

Ce soir je suis lasse. Lasse de cette situation professionnelle qui ne s'améliore pas, quel que soit le bout par lequel j'essaye de l'attaquer. Lasse de passer des mois à me préparer entre 21h et 2h du matin, sans loisirs ni rien, à économiser pour acheter des bouquins pour continuer à arriver MAL préparée. Lasse de me sentir comme une grosse merde bonne à rien alors que des compétences j'en ai à revendre. Lasse qu'on ne me donne jamais ma chance.

En rentrant chez moi, en chialant comme une merde sur ma vie de misère, j'écoutais la radio chrétienne du coin avec un gars qui expliquait que l'âge de la retraite allait encore être repoussé. Ca fait 10 ANS qu'on nous dit qu'avec les départs en retraite des baby-boomers, il va y avoir des embauches hein. 10 ans qu'on attend, qu'on est toujours là sur le bord de la route à mendier des miettes (je rappelle que ce concours que j'ai foiré c'était pour travailler au niveau BREVET payée 1300€ brut).

Sérieusement, si je n'avais pas un enfant qui m'attendait à la maison, j'aurais foncé contre un arbre.

J'ai réalisé devant ma copie ce matin que ça fera 10 ANS en juin que je passe des concours pour entrer dans la fonction publique. Bon je triche un peu mais pas trop, j'ai commencé à bac+2 avec le concours le plus difficile qui n'était pas du tout à ma portée.

Mr l'Espoir, 10 ans c'est un peu long, ayez pitié s'il vous plaît, prenez Madame Chance en hold-up et arrêtez de m'abandonner.

Hier soir, en montant dans la voiture de Johm, je trouve une enveloppe sur le siège passager.

"Ah ben ouvre-là, tu vas pas être déçue"  me dit-il.

Ca ressemble grandement à un faire-part, faut dire qu'en ce moment c'est la folie on en a un dans la boîte aux lettres par semaine.

Et là je tombe nez à nez avec une photo d'un gros nombril boursouflé.

"Mais pourquoi ils ont mis une photo du nombril du bébé ?" je me demande spontanément.

Puis je regarde à nouveau et je vois le prénom du bébé écrit à la peinture autour du nombril boursouflé. Et soudain je comprends.

OH MON DIEU. C'est le ventre de la mère, photographié avant la naissance. Encore heureux qu'elle n'avait pas de vergétures !

Puis là il faut soulever la photo de nombril boursouflé et hop on voit la tête du bébé. Qui heureusement est jolie. (pourquoi ne pas l'avoir mise sur le dessus pour nous éviter ce tête-à-tête gênant avec le nombril boursouflé, ça me dépasse).

Maintenant on attend la photo du placenta et le nom du bébé en lettres de sang sur le carrelage de la maternité pour leur prochain.

(évidemment c'est des copains à Johm... on a reçu pour le moment deux faire-parts de naissance de son côté, deux horreurs sans nom)

Tous les autres faire-parts que nous avons reçus sont fièrement exposés sur la cheminée de notre cuisine mais le nombril boursouflé lui il va directement aller au feu !

Nan parce que quand même.

Jérusalem, les Jihemjis qui sont de retour dans ma vie finalement, tout ça c'est très joli.

Mais rappelons-nous comment cette histoire d'Espoir a commencé.

LE signe d'espoir de la semaine dernière, c'est quand même qu'on a un Pape latino-italiano-américain.

J'avais pleuré des larmes de désespoir au moment de l'élection de Benoît Croivébâton. Je le voyais comme un vieux ronchon qui allait tout nous pourrir (déjà que c'était pas hyper folichon et facile). Bon depuis j'ai mis de l'eau dans mon vin, il avait ses bons côtés.

Quand on l'a vu au balcon le monsieur qui annonçait le nouveau Pape, on a rien compris (malgré mes 7 années de latin), on est allés sur Wikipédia immédiatement (la fiche anglaise était déjà à jour) et là on a explosé de joie. ARGENTIN ! Au moment de la fumée blanche, quelques instants plus tôt, j'étais en train de préparer des burgers mexicains en me disant que j'espérais ne pas pleurer de désespoir en les mangeant.

On est d'accord, dans le fond, on ne sait pas ce qu'il va en être. Mais malgré l'élection, l'Espoir est toujours là. C'est déjà ça.

Hier j'ai lu cet article écrit par un prêtre missionnaire en ce moment au Congo et la fin a fait chanter mon coeur de joie.

Son sourire alors qu’il venait de recevoir sa charge écrasante m’a fait penser qu’il pouvait s’appuyer sur l’espérance que représente la foi du peuple de Dieu, telle que nous la rencontrons en Amérique latine ou en Afrique. Loin d’une Europe en profonde crise d’identité qui se perd dans des polémiques propres aux peuples victimes de leurs richesses matérielles, y compris dans l’Eglise catholique, le regard qu’on pose sur l’avenir du monde à partir du Sud est habité par une espérance. Car c’est d’abord et avant tout la vie qui y est célébrée, particulièrement sur les plans relationnel et spirituel. Celle qui vient de Dieu et de la fraternité.

Le Pape de l'Espérance. C'est exactement ce dont nous avons besoin.

Le concours est jeudi.

Depuis une semaine j'enchaîne les épreuves blanches (une session de concours par jour) et à chaque fois ma mâchoire se décroche quand je lis le corrigé car ma copie est à des millions de kilomètres de ce qu'elle devrait être.

11,5 de moyenne, les millions de kilomètre sont relatifs mais autant vous dire que pour un concours aussi difficile (pas sur le niveau mais sur le nombre de candidats dont il faut se démarquer), c'est la porte assurée sans même passer par les oraux.

Ce soir, après des énièmes révisions (qui m'ont pris TOUTE la journée et je n'ai même pas fini ce que je voulais faire !) je m'attaque à une nouvelle session.

Sujet 2007, Département Pas de Calais.

16 aux questions, 15 au cas pratique.

WOOHOO !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Il me reste encore 4 jours pour affiner (et me rapprocher du 18).

Mais l'Espoir est là, ça y est.

En ce moment j'ai plusieurs bébés projets professionnels alternatifs.

Faut dire que le jour où t'apprends que le concours du Saint Graal que tu attends depuis 4 ans, ben y'a 5 places, tu te dis qu'il te faut un plan B. Puis quand le plan B ne décolle pas, un plan C et un plan D.

Dans ma foultitude de projets de secours, y'a cette évidence : j'aime écrire, j'aime le net. 7 ans de blog (donc 4 de blog officiel sérieux) quand même. Donc une des idées c'est de s'orienter vers le métier de rédactrice (comme au moins les 3/4 des bloggueuses influentes sérieuses, c'est très original).

Sur mon CV j'ai donc un beau diplôme généraliste (maîtrise de lettres) et une minie expérience de 4 mois quand j'étais volontaire à M. et que j'ai tenu un blog. (il est très beau, j'en suis très fière) (ce n'est pas seulement parce que j'y suis en photo dans les bras du Mort pour l'éternité).

Il me faut donc enrichir mes expériences encore un peu avant de pouvoir quémander un salaire contre mon travail. (puis me former à un milliers de logiciels informatiques apparemment indispensables).

Donc le mois dernier j'étudie ma vie actuellement et comment je peux y introduire une expérience de rédactrice supplémentaire à celle du blog officiel (qu'il faut que je reprenne pour que ce soit mon book évidemment). Un peu plus respectable, sur des sites avec plus de vues quoi.

Un des gros défauts de mon CV (à mes yeux du moins), c'est que depuis toujours mais depuis 4 ans en particulier je n'ai d'expérience que dans un seul domaine : l'Eglise catholique. C'est super pour ma vie spirituelle mais je pense que ça peut me fermer bêtement des portes.

Bien donc le deal c'est trouver un job de rédactrice bénévole pour quelqu'un d'autre que l'Eglise catholique.

Puis donc soudain une ligne de mon CV me saute aux yeux. Dans les loisirs, je suis affiliée à Fédération Nationale des Gens qui Marchent le Week-end sur des Chemins de Terre.

Moyenne d'âge des adhérents : 70 ans. Bien bien bien on a un créneau.

Joie et félicité, sur le site internet de la Fédération Nationale des Gens qui Marchent le Week-end sur des Chemins de Terre, il est indiqué qu'ils cherchent des rédacteurs et des correcteurs.

5 sur 5, vive la France, j'ai mon expérience de rédactrice bénévole sur un plateau.

Oui mais bon là j'ai un concours dans 3 semaines, y'a 20 places, c'est le plus grand nombre de places pour la cul (c'est trop la foliiiie) (t'es payé un tout petit peu plus que le SMIC évidemment mais la cul tu fais pas ça pour l'argent de toute façon ?), soyons sérieux, on commencera une carrière de rédactrice après.

Puis donc hier dans mon mur Facebook, la page officielle française des Jihemjis annonce que l'équipe brésilienne cherche des relecteurs/correcteurs français.

J'envoie immédiatement un mail en me disant que le temps qu'ils me répondent j'aurais passé mon concours.

C'est comme ça que j'ai reçu un mail depuis Rio d'un volontaire français de 25 ans dans l'après-midi même.

C'est comme ça que je me suis couchée à 3h du matin après avoir passé 3h à retraduire un texte de présentation des saints patrons des Jihemjis parce que parfois c'était limite plus facile de repartir du portugais que d'essayer de comprendre l'espèce de charabia qui ressemblait à du français (j'espère qu'ils ne payent pas leur traducteur) (je suis trop balèse en portugais maintenant) (enfin plus que jeudi déjà).

C'est comme ça qu'en me réveillant ce matin j'avais une super patate (parce que le deuil des Jihemjis quand ça fait 15 ans que ça structure ta vie, c'est un peu dur).

Bon toutes mes bonnes résolutions sont balayées mais je n'y peux rien moi si le Grand Patron il ne veut pas me lâcher.

(cela dit le mail pour la Fédération Nationale part lundi en 16)

Sur ce retournons à la classification des différents extincteurs, les fonctions du Comité d'Hygiène et de Sécurité et autres joyeusetés du concours de jeudi prochain.