Objectif Lune
Les arabes et moi
Parce que c'est le deuxième effet kiss-cool de Jérusalem.
Déjà pour te situer le contexte, je suis fille et petite-fille de pieds-noirs. En gros des pauvres gens, nés en Algérie française, qui ont sué toute leur vie pour se payer une maison qu'une fois qu'ils avaient fini de la construire l'Etat français (dont ils ne dépendaient que depuis la seconde guerre mondiale et encore parce que mon grand-père a fait le STO en Autriche, car ils étaient d'origine espagnole) leur a dit qu'il fallait la laisser et venir habiter dans un HLM en métropole, soit un pays qu'ils ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, sans aucun espoir de revenir dans la chère terre patrie.
Ca fait donc 30 ans que TOUS les dimanches j'entends parler de cette terre bénie, si merveilleuse et à jamais perdue.
Et encore j'ai de la chance, mes parents n'étaient âgés que d'une dizaine d'années quand ils sont partis, donc ils n'ont pas trop la nostalgie.
Et surtout ils ne détestent pas trop les arabes.
Parce que les autres, SOS racisme, etc, c'est un peu cause perdue.
On va dire, pour ne pas entrer dans les polémiques et parce que ce ne sont pas des gens foncièrement méchants malgré leur haine des arabes, qu'ils ont des circonstances atténuantes.
Mais quelque part j'ai reçu cette haine en héritage.
Je ne suis pas particulièrement hostile quand je rencontre des arabes mais je suis sur mes gardes. Toujours. Je ne suis pas trop à l'aise.
Le premier à avoir fait éclater cette réserve, c'est Younès, ma petite loutre marocaine fan de Trone d'Argent.
Et donc voilà que moi la fille d'origine pied-noire je vais dormir chez des arabes à Jérusalem.
"Mais c'est des chrétiens" me dit mon mari, super français de souche dont sa famille habite la même maison depuis le XVIIIème siècle (= qui ne peut pas comprendre).
"Ah ben oui mais c'est quand même des arabes malheureusement".
Je vais pas mentir, ça m'a fait un peu bizarre.
Après c'était des gens absolument adorables, qui m'ont filé leur lit et sont allés dormir sur leur canapé et ont rempli mon sac d'un millier de tupperwares sans rien savoir de moi.
Mais instinctivement je ne leur ai pas dit où étaient nés mes parents, je suis restée assez vague sur mes origines. On en reparlera la prochaine fois quand nous nous aprécierons assez de chaque côté pour s'en foutre de ces vieilles histoires du siècle dernier.
J'ai quand même beaucoup rigolé en discutant avec mon pépé palestinien qui m'expliquait que quand même les musulmans ils croient un peu en n'importe quoi, "notre Jésus il a ressuscité un mec qui était mort depuis 4 jours, 4 JOURS hein, alors que Mahomet, qu'est-ce qu'il a fait à part se marier avec plein de femmes hein ?".
Ca alors un arabe islamophobe.
Bon ça va, quelque part là-haut, mon vrai pépé ne doit pas trop me détester.
Puis ce qui a facilité les choses, c'est aussi que la nourriture est vraiment différente à Jérusalem et au Maghreb. On a pas mangé du couscous et des makrouds quoi. Donc je ne me sentais pas du tout chez l'ennemi héréditaire.
Voilà après j'ai passé mes soirées à regarder des dramas turques avec plein de très très méchants avec de grosses moustaches qui tiraient sur des très très gentils avec des petites moustaches. Comme quoi, les imaginaires ne sont pas tellement différents en fait.
La différence la plus marquante est que les dames ne se lavent que les avant-bras dans les pubs de gel douche.
Le matin au petit-dèj on regardait la chaine libanaise ("c'est une très bonne chaîne elle a fait se convertir plein de musulmans" m'a précisé mon pépé palestinien) avec des clips chrétiens, mais chantés en arabe. C'était étrange, un pont entre deux mondes qui jusqu'à présent ont toujours été irréconciliables dans ma famille.
Quand je me promenais dans la ville, en bonne petite touriste, je me faisais toujours accostée par un arabe chauffeur de taxi qui voulait m'emmener à Bethléem. Ou au Mont des Oliviers. BEN VOYONS. Au bout de ma première journée, je me suis soudain rappelée cette information essentielle que j'avais complètement oubliée depuis ma grossesse : je suis une bombe sexuelle en Afrique.
Je m'en suis bruquement souvenue quand un chauffeur de taxi m'a soulevée pour me hisser sur une partie du rempart en me disant "ohlala tu es toute légère, tu ne dois faire que 80 kilos, non ?".
C'est la première fois de ma vie qu'on me trouve légère (enfin non c'est la deuxième, la première c'était un sénégalais pendant les Jihemjis). C'était drôle, touchant et tellement mais alors tellement dépaysant.
Je me suis dit que c'était quand même drôle cette conjonction des faits. La bombe sexuelle est issue d'une famille qui déteste viscéralement votre peuple. La vie est mal faite quand même.
Le dimanche, j'ai donc eu une visite guidée privée.
Avec le plus charmant des guides palestiniens de Jérusalem (celui que tu fais "uhuhuhuh il fait chaud" quand il te regarde), rien à voir avec les chauffeurs de taxis lourdauds, vraiment super gentil, super prévenant, qui est juste super charmant sans faire exprès quoi.
C'était vraiment comme si je me baladais avec un pote dans Jérusalem. Il m'a surtout raconté sa vie, il n'était pas très bon en histoire ni en histoire religieuse (encore moins en histoire de l'art) mais c'était très intéressant quand même.
Quand on s'est quittés, j'ai eu un petit pincement au coeur. On ne se reverra jamais, sniff.
Depuis que je suis revenue en France, je croise, principalement dans les transports, nos bons vieux arabes du Maghreb. Je reconnais toujours chez eux quelque chose de Mohamed le charmant palestinien.
Quelque chose a changé dans mon regard depuis Jérusalem. J'ai envie de leur sourire. De laisser tomber ma garde. C'est très nouveau. Et ça fait du bien.
Quand j'ai commencé à mettre mes photos sur Facebook, je me suis dit que certaines personnes de la famille n'apprécieront peut-être pas que j'ai été logée chez des arabes. Je m'en fiche mais je ne souhaite pas non plus leur faire de peine, c'est compliqué tout ça.
Quand j'ai raconté mon voyage à ma mère, je lui ai dit "bon voilà j'ai dormi chez des chrétiens donc forcément c'était des arabes" "ça n'a pas du être facile" m'a-t-elle répondu. Non effectivement ce n'était pas évident.
Même si mon regard a un peu changé, je sais qu'il me reste encore certains tabous. Quand j'irai en Algérie, et j'espère bien pouvoir y aller un jour, je ne crois pas réussir à aller dormir chez des arabes. Tout comme je veux faire un voyage très touristique, pour rester à la surface du pays sans trop creuser l'histoire - parce que l'histoire je la connais un peu trop bien - je souhaite rester au maximum "à l'extérieur" du monde arabe. Autrement j'aurais trop le sentiment d'avoir trahi mon pépé.
Jérusalem était un pas vers le pardon de la grande blessure familiale.
Je laisse mon fils (et mes hypothétiques autres enfants) faire les autres.
Il s'appelle comme mon pépé, je ne crois pas que ce soit un hasard.
Le top de l'Héritier
1. quand l'Hériter chante parfaitement "in excelsis deo" dans Les Anges dans nos campagnes. Il butte encore sur plein de mots français mais cette expression latine, pour une raison inconnue, la prononciation a été parfaite dès la première fois... mon fils a peut-être un don pour le latin *fierté intense*
2. quand l'Héritier danse et chante à toute heure du jour... il a déjà créé quelques tubes comme "non non je n'irais pas prendre un bon bain", "vite vite vite je dois faire pipi" ou "je veux manger des frites s'il vous plaît Papa et Maman". J'ai l'impression de vivre dans un film de Jacques Demy où les personnages chantent toutes les expressions de la vie courante genre "passe-moi le sel" et je demande même si cela a un lien avec le fait que j'ai passé mon temps enceinte à regarder et écouter des comédies musicales.
3. quand l'Héritier joue tout seul pendant presque 20 minutes avec ses jouets en se racontant des petites histoires (et là je me dis que le projet "concentration" n'est peut-être pas aussi urgent que ça) - depuis le mois dernier il joue aux Legos (son père est très excité car il adoooore les Legos)(moi je suis plutôt Playmobils mais il ne joue pas avec, sniff)
4. quand l'Héritier choisit sans aucune hésitation un truc tout rose où il y a des princesses dessus (genre son calendrier de l'Avent avec du chocolat) puis dans la foulée un truc bleu avec un pirate. J'aime me dire que nous avons réussi à le préserver jusqu'ici des petites cases du genre, j'espère qu'il ne se laissera jamais freiner dans ses envies par le "ah non ça c'est pas pour les garçons"
5. quand l'Héritier me dit "oh merci Maman" quand je lui fait un bisou ou un petit câlin en passant. Il essaye aussi de m'appeler "ma chérie" (ça j'aime moyen) et je lui dis que "maman chérie" c'est mieux quand même (on est encore en plein Oedipe quoi), tant que nos problèmes reste à ce stade là on peut pas dire que ce soit si affreux que ça d'avoir à l'éléver.
On est en décembre et qu'as-tu fait ?
1. POINT PRO : ne pas me décourager pour améliorer ma situation professionnelle
******** +1 - POINT VALIDE 2013
J'attends de signer le contrat pour 2014-2015 pour la médiathèque.
To-do liste de décembre : rien à faire.
2014 : ben travailler.
2. POINT SPORT : pratiquer la gym régulièrement, s'inscrire en septembre à un cours de flamenco
POINT VALIDE
Ma prof de sévillanes a été absente deux semaines d'affilée. J'ai réussi à me filer des coups de pied aux fesses pour aller à la première séance de la reprise. Je danse comme une merde mais c'était vraiment super bien. Disons qu'elle nous fait avancer vraiment super vite, c'est très agréable !
To-do liste de décembre : retrouver un créneau pour le fitness
2014 : continuer une activité physique régulière entre sévillanes, fitness (un peu plus ça serait pas mal), course et rando
3. POINT VOYAGE : réaliser un maximum de mes projets de voyage
********** +1 - POINT VALIDE
La Tour Eiffel m'a été volée, désolée plus beau filleul du monde. Dans ma prochaine vie, quand je serais pétée de tunes, on ira ensemble.
Jérusalem : FA-BU-LEUX. Un superbe cadeau d'anniversaire, on va largement en reparler.
Le Nouvel An : réservation faite pour le 31 à midi au Café Mickey. Il reste encore le transport et on devrait se payer l'avion, pour n'embêter les gens qu'une heure au lieu de cinq par le train vu que Johm ne veut pas monter en voiture à la Capitale.
On a des petits soucis d'hébergement (ma copine qui devait nous héberger le 30 au soir et le 1er a décidément finalement de descendre sur Mytown pour les fêtes...), on ne sait pas encore si on fait la manche auprès de nos copains ou si on se loue un appart AirBnb pour être tranquille pénard.
To-do liste de décembre : payer les billets d'avion, se décider pour l'hébergement à Paris.
2014 : les projets se bousculent, il faudra faire des choix déchirants : la Corée pour Johm en mars, Rome pour la canonisation en avril, Jérusalem à nouveau en mai, la Corse avec mon amie d'enfance quelque part par là.
J'aimerais aussi faire ma session de Piébéria 2014 fin mai début juin. Et puis donc les marchés de Noël alsaciens en décembre. On va pas s'ennuyer en 2014 !
4. POINT MAISON : améliorer ma gestion de la maison : cuisine, ménage et économies
******** +1
Niveau aménagements : on a bien avancé dans le doublage de nos vitres.
Suite à l'apparition de salpêtre dans la chambre de l'Héritier, on a décidé de tout changer de place, donc on va s'occuper de cela durant ce mois de décembre. On a aussi 400€ à dépenser qui restent de la liste de mariage + notre crémaillère de l'été dernier.
To-do liste de décembre : déplacer tous les meubles selon la nouvelle répartition des chambres
2014 projet plafond donc pour se débarasser du salpêtre, il faudra sûrement trouver des meubles pour équiper notre nouvelle chambre.
5. POINT HERITIER : l'éducation de l'Héritier avec de gros dossiers pour 2013 : la propreté et l'entrée à l'école.
******* +1 - Point validé !
L'école... la maîtresse m'a signalé que mon fils n'était pas assez obéissant (enfin qu'il n'obéissait pas assez vite et qu'il fallait que j'en discute avec lui). Comme c'est une notion "que je ne comprends pas", je suis un peu emmerdée. Ma mère n'ayant comme solution que "tu dois lui donner des fessées" ou "tu veux que je te montres comment toi tu collais bien tes gommettes", je vais donc devoir chercher par moi-même comment améliorer son attention et lui faire mieux comprendre que certains lieux sont publics et donc régis par des règles qu'il faut respecter sans discuter (cela dit en observant des enfants du même âge que lui dans sa classe et dans ma bibliothèque, je ne le trouve pas spécialement plus désobéissant que les autres). Contrairement à ce que pense clairement ma mère, il ne discute pas les règles à la maison, mais apparemment ce n'est pas suffisant.
Pour la propreté, au niveau pipi, on est bons. Niveau caca, pas trop encore mais c'est en chemin quoi, il y a de petites améliorations.
To-do liste de décembre : se documenter sur l'obéissance, "parler pour que les enfants écoutent", trouver des livres qui en parlent intelligemment, etc.
2014 : projet donc "amélioration de sa concentration" et "obéissance"
6. POINT REDACTION : travailler ma rédaction, que ce soit au niveau graphique ou mes publications sur internet.
****** +1
Le rythme du blog s'est beaucoup ralenti à cause de l'aumônerie. J'ai quand même réussi à publier deux billets.
To-do liste de décembre : reprendre le rythme en réservant un créneau horaire à la rédaction du blog. Je pense que je vais surtout me concentrer sur le récit de mon voyage à Jérusalem mais un ou deux billets culturels en passant, ça serait bien.
2014 : essayer d'écrire minimum 2 billets par mois sur le blog officiel, j'abandonne la graphie (enfin je la repousse à septembre 2014, il faudrait que je me trouve un club de calligraphie).
Commentaires textes : Écrire
Je savais bien que je n'aurais pas dû boire ce thé arabe il y a 6 heures
C'est soit le thé arabe soit l'EXCITATION de cette ville complètement délirante.
Je n'ai pas trouvé à Jérusalem ce que je croyais y trouver (genre les traces de Djisus NAN il n'est plus du tout ici)(en même temps c'est exactement ce qu'il a dit à sa mère le dimanche de Pâques il y a moins de 2000 ans, on peut pas dire que j'étais pas prévenue).
J'ai trouvé d'autres choses, des choses belles, des choses inattendues, des réponses à des questions importantes (j'ai même écrit une petite carte postale insignifiante à Romain, pour vous dire à quel point je me sens bien).
Malgré m'être fait littéralement marchée dessus pendant 1h30 dans la file d'attente pour le St Sépulcre, j'ai pleuré de joie en sortant.
Et pourtant y'a vraiment rien à voir dans ce petit réduit où des coréens faisaient un concours de combien de coréens peuvent s'entasser avant que le premier entré ne soit étouffé par les suivants.
"Mais ça vaut le coup de faire tout ce voyage juste pour deux jours ?" m'a demandé mon super guide cet après-midi (Pamela MERCI pour cette super bonne adresse de visites guidées).
"Mais enfin, seulement deux jours, ça n'a pas de sens" m'a dit un moine dominicain à la sortie de la messe ce matin (ça fait toujours plaisir).
OUI, OUI, OUI et trente fois OUI, ça valait le coup. Si je peux le refaire, je le refais.
J'ai tellement hâte de pouvoir témoigner de toutes les beautés que j'ai trouvées dans cette ville et en moi dans cette ville.
C'était un très très très beau cadeau.
Enfin je vous raconterais tout si j'arrive à passer la douane demain matin avec la moitié du frigo de mes hôtes (= produits typiquement palestiniens) dans mon sac + quatre paquets de "café arabe".
Moi qui sentait le bon vieux camembert hors du frigo depuis 24h mit le gel douche Leuch écrasé dans le sac en entrant sur le territoire israélien (5 minutes le passage de la frontière, quasiment aucune question, faut dire que la douanière était obsédée par la reliure de mon passeport qu'elle a essayée de démonter par tous les moyens), j'embaume à présent la cardamome.
"J'espère que tu te sens chez toi chez mes parents" m'a dit ma copine au téléphone ce matin. Oh ben vu comment ils ont essayé de me faire grossir pendant deux jours avec de la nourriture succulente, pas de souci, j'étais comme à la maison. Mes parents palestiniens adoptifs ont donc, comme tous les parents du monde, rempli mon sac de petit tupperwares ("et ces herbes, c'est pour quand tu auras mal au ventre et donne ces bonbons et des bisous de notre part à ton bébé").
D'ailleurs toutes les mamans du monde s'endorment donc devant la télé en se plaignant de leur jambe en kit. Et j'espère que mon pépé, qui détestait les arabes, ne m'en veut pas trop de trouver que le papa de ma copine lui ressemble quand même BEAUCOUP.
Jérusalem choukram choukram.
On se revoit en mai. Inch' Grand Patron.
Chroniques de Jérusalem
26 DEGRES.
AH.
*pleura de joie à l'idée de retrouver la chaleur dans 4 jours*
Ah j'ai donc le choix entre la messe à 5h30 en latin au St Sépulcre, une prière de Taizé à 8h chez des moines salésiens allemands, puis sinon la messe en français à 7h à l'église Ste Anne, là où vivaient donc les parents de Marie, à 7h30 à l'église St Etienne, donc là où ledit St Etienne a été lapidé ou à la Visitation (donc là où...) ou encore au Pater Noster (donc là où Jésus a appris le Notre Père à ses disciples).
MAIS SERIEUX QUI A LAISSE CETTE VILLE SE CONCEVOIR AINSI ? C'EST DE LA FOLIE.
Et comment je choisis moi maintenant, je suis bien attrappée.
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Mon père ne revenant plus le WE, ma mère a besoin que je vienne lui faire des courses. Elle espérait recevoir sa paye aujourd'hui, donc je l'appelle ce matin.
Pas de bol, la paye n'a pas encore été versée.
Résultat des courses : si la paye est versée, je dois aller faire ses courses vendredi matin et l'emmener chez le coiffeur.
Ca tombe bien vendredi matin il y aura toutes mes affaires dans ma voiture car je dois être à l'aéroport dans l'après-midi.
Ma mère ne sait pas où je vais, et je ne tiens pas spécialement à la mettre au courant car sinon elle ne dormira pas pendant 4 nuits et deviendra absolument imbuvable pour tous ceux qui auront la malchance de croiser sa route.
Mais là je me vois mal la voir le matin, prendre mon avion l'après-midi, et revenir 4 jours après en lui disant "oui ben en fait je suis partie à Jérusalem, je t'ai vue le matin même et je ne t'ai rien dit".
GRAND PATRON TU M'AIDES PAS VRAIMENT LA.
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Jeudi J-2
Bon j'ai finalement décidé d'utiliser les mots mêmes de Djisus pour me sortir de cette ornière « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » en me disant que ce voyage est pour MOI et que de toute façon PERSONNE (mis à part quelques happy fews dont personne de sa génération) n'est au courant. Donc même si je vois ma mère demain matin, je ne lui dirais rien.
Elle ne serait pas contente de ne l'apprendre que demain matin de toute façon, et ça lui évitera des angoisses inutiles pendant 4 jours.
Le sac est prêt, il manque juste les deux fromages pour mes hôtes ("oh amène-leur du Babybel, ils seront très contents" m'a dit ma copine... EUH OUI MAIS NON QUOI).
Départ 17h de Mytown, puis je suis censée retrouver Mushroom à l'aéroport à Paris qui me tiendra compagnie jusqu'à mon embarquement vers 22h30 (déjà ça c'est hyper cool).
J'arrive à 5h du mat heure locale samedi matin. Ensuite arrivée à la porte de Damas, je dois appeller le frère de ma copine qui viendra me chercher. Ensuite ben ça sera Via Dolorosa et St Sépulcre dès que possible, puis après je vais me laisser porter, selon mes hôtes et l'inspiration du Grand Patron.
J'ai juste prévu une visite guidée des trois principaux lieux religieux le dimanche matin parce que ça me tenait à coeur de visiter la mosquée du Rocher (enfin "visiter", de la voir car les non-musulmans n'ont pas le droit d'y entrer) et le Mur des Lamentations et de ne pas être seule devant mais d'avoir quelqu'un à qui poser des questions.
BOUDIOU c'est demain.
Lire les commentaires textes
Ca alors, c'est fou, je ne savais pas que ca avait agit comme ca sur toi, cette histoire familiale. Moi au contraire, comme on m'a dit que du mal des arabes, j'ai décidé que je les adorais.
De toutes facons, l'arabe est genre une des plus belles langues du monde (après l'hébreu, tu as remarqué à quel point l'hébreu est magnifique ?), alors ces gens ne peuvent être que sympathiques. Puis on quand je vois la vie quotidienne arabe dans un film, c'est tellement MA vie... Le pire, c'est les youyou, quand j'entends un youyou, ca me donne envie de pleurer.
La première chose que je dis à un arabe quand j'en rencontre un, c'est que mes parents sont nés en Algérie. Je ne raconte pas le reste de l'histoire, je leur laisse le supposer et en parler si ils veulent. Après, je n'ai pas rencontré beaucoup d'arabes dans ma vie, c'est vrai, c'est un peu comme si ma vie n'arrivais pas à se recouper avec la leur. Mais je peux te dire que j'attends avec impatience, la première conférence qui se passera sur le sol algérien, elle est pour moi.
Ahah les youyous, ça me fait TROP la même chose.
Disons que je pense que mes huit premières années dans le 9-5 ont apporté aussi un peu de terreau à la haine, parce que t'es plongée dans la misère des immigrés, vu les conditions de merde dans lesquelles ils vivent ils ne sont pas de très bons ambassadeurs de la richesse de la culture arabe (qui m'a vraiment frappée de plein fouet à Jérusalem). Je crois que c'est une des premières fois dans ma vie que la culture arabe prend une valeur positive.
Moi j'ai toujours trouvé ça moche l'arabe, mais j'ai vraiment trouvé ça beau pour une fois quand j'ai entendu l'appel à la prière à Jérusalem justement. L'hébreu je trouve ça "marrant" mais pas spécialement joli non plus, je suis trop accro à l'espagnol (qui doit avoir chopé des trucs de l'arabe pourtant).
Après je suis très empathique, j'ai beaucoup emmagasiné la peine et la douleur familiale, c'est quand même vraiment horrible ce qu'ils ont vécu. Je m'en suis rendue compte sur ma copie de concours quand il m'a été impossible d'écrire "guerre" d'Algérie sans guillemets.
Je pense qu'en Algérie je vais beaucoup beaucoup pleurer en espérant évacuer tout ça (déjà j'ai pleuré en croisant des fils de républicains espagnols massacrés pendant la guerre...).
C'est pour ça que je veux éviter le "pélerinage" (alors là c'est l'appartement où vivait mon papa et ça c'est la putain de maison que mon grand-père s'est sué à faire construire pour finalement la laisser gratis à son voisin) parce que j'ai trop peur que ça attise la haine. Je me sens attirée et repoussée en même temps par ce pays, c'est vraiment étrange (et un peu pénible).
Ah oui une conférence, ça c'est un contexte cool pour y aller !
Je pense que pour moi, l'empathie est venue plus tard, après le reflexe de prendre le contrepied de ce qu'on me disait. C'était trop tard pour en "vouloir" à des "arabes", ce qui est de toutes facons un terme trop vague.
Et puis mes parents sont quand même très light sur la question. Mon père n'a jamais prononcé un mot contre un arabe (en tous cas jamais devant moi), et je pense que ma mère a fait l'effort quand j'étais petite de ne pas trop en parler. Elle en parle beaucoup plus maintenant, mais là encore c'est trop tard.
J'ai aussi toujours eu une énorme sympathie pour les musulmans. Je sais d'ailleurs pas trop pourquoi, parce que le peu que je connais n'est pas particulièrement enthousiasmant, mais je suppose que c'était les seuls autres "croyants" sur lesquels on avait une chance de tomber, et que je me sens plus proche des croyants que des non-croyants. Peut-être parce que je n'ai jamais été 100% à l'aise dans "ma" religion, et que du coup, une religion en vaut bien une autre pour moi. Tu es mille fois plus catho que moi de ce point de vue.
Mais vraiment ca m'a surprise de ne pas du tout me reconnaître dans ce que tu as écrit, je n'aurais jamais imaginé qu'on avait si différement vécu ce point-là alors qu'on est toujours si proches sur le reste.
(Sauf la phrase "Je m'en fiche mais je ne souhaite pas non plus leur faire de peine, c'est compliqué tout ça." LA par contre, je me suis retrouvée.)
J'ai bien conscience que ce sentiment est absolument irrationnel et stupide, m'enfin bon j'en ai hérité. C'était le point de cet article d'ailleurs : par les rencontres de gens réels, réussir à sortir des préjugés idiots. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai adoré cette visite guidée. Même si Mohamed a vécu 10 ans en Belgique donc est assez occidentalisé pour que nous ayions plusieurs référents culturels communs d'où un dialogue plus facile qu'avec un palestinien qui n'est jamais sorti de son pays, c'était une introduction parfaite. Ma copine est arrivée très jeune (15 ans) sur le territoire français et elle parle rarement de sa culture en tant que telle, puis là elle se marie avec un français (elle va donc perdre sa carte d'identité palestinienne), on est pas dans le même rapport.
Ca me n'étonne pas du tout de la part de ton père, déjà parce qu'il était déjà parti au moment des événements puis qu'il était capable de réfléchir et surtout d'aller de l'avant. Ma maman est aussi très light là-dessus, c'est plus Pépé qui a fait une très forte impression dans mon coeur.
Je ne suis pas si catho que tu le crois, car pour moi aussi une religion en vaut une autre. Je considère que la mienne est parfaitement adaptée à ma culture, mais les autres ne me gênent pas, je ne me dis pas qu'ils ont tort, je me dis qu'on va au même endroit avec des chemins différents. J'ai eu un dialogue assez révélateur avec une de mes jeunes qui me disait "oh ben je parle pas de ma religion du tout au collège, de toute façon il n'y a que des musulmans" "oh ben c'est super alors, parce qu'un bon musulman c'est quand même un homme de bonne volonté qui fait le bien" elle m'a regardé avec des yeux comme des soucoupes genre c'est incroyable qu'on puisse considérer la religion musulmane de manière positive LOL (on va bosser là-dessus pendant l'année du coup !). Je dirais qu'à ce niveau-là, j'ai eu la chance d'avoir une séance d'aumônerie au lycée où nous avons reçu un imam et une musulmane de notre âge, ça m'a fait découvrir dans le bon sens cette religion, je n'ai pas du tout d'antipathie pour eux (et effectivement je me sens plus à l'aise de prime abord avec un croyant qu'un non-croyant).
C'est marrant comme il a fallu attendre que je lise ce post pour réaliser tout ce que j'ai reçu en héritage sur la question. Je n'avais jamais vu les choses en ces termes... Peut-être parce que dans ma famille, la souffrance est intériorisée et ne ressort que par bribes, reste encore à savoir l'interpréter quand tu es née en France en 1983.
La seule différence, c'est que les miens ont dû quitter le Maroc, non pas l'Algérie, les choses se sont passées plus en douceur mais elles ont existé. Parfois ma grand-mère lâche quelques phrases de leur vie là-bas, la famille de tailleurs et les affaires florissantes, les photos de mariage d'un jeune couple rayonnant, la grande maison, la famille. Recoupées à ce que fut leur vie à leur retour en France, le HLM et chaque sou compté, le fait d'être les étrangers (les Italiens du Maroc) et les sacrifices consentis.
Ah ben tu vois je ne savais pas du tout que ton sang italien venait du Maroc aussi !!! Oui d'après ce que j'en ai lu, au Maroc, les choses ont été un peu moins violentes (il y a eu moins de massacres de civils notamment il me semble) mais ça reste quand même une situation difficile à vivre.
Ahlala une histoire familiale intériorisée, ça me fait limite rêver (mais je suppose qu'en vrai ça doit être relou de savoir sans vraiment savoir).
Moi j'ai eu droit aux soirées spéciales souvenirs hyper détaillées (je pense que je connais presque par coeur le nom de tous leurs voisins et les dates auxquelles chacun est parti) à chaque fois que mon programme d'histoire abordait "la décolonisation" (et après ma mère s'étonne que je sois un peu bloquée pour utiliser les mots officiels) en plus de la discussion hebdomadaire de tous les repas de famille (hier on s'est vus, ça n'a pas loupé).
D'ailleurs hier ma tante la plus ancienne m'a posé plein de questions sur Jérusalem pour en conclure que "mais pourquoi les arabes se plaignent des israéliens alors qu'ils n'étaient pas là du temps de Jésus ?" (hum veux-tu qu'on compare ça avec les pieds-noirs qui n'était pas vraiment "chez eux" non plus au niveau du peuplement primitif du pays ? je suis sûre que d'un coup tu vas mieux comprendre...) et "oh ben ils arrivent plutôt bien à vivre ensemble alors" ("oh ben non ils ne vivent pas du tout ensemble, ils vivent à côté à la limite" "je suis sûre qu'en fait ils vivent très bien ensemble" *dialogue de sourds*) ou encore "mais enfin évidemment que la maison de Sharon doit appartenir à sa famille depuis des siècles (en plein quartier musulman, j'ai quand même BEAUCOUP de doutes, ou alors s'il arrive à remonter sa généalogie jusqu'au IVème siècle, alors oui peut-être)". Je m'en suis étranglée avec mon café (arabe) (que ladite tante a renommé "café de Jésus" comme ça au moins le "problème arabe" est évacué). Cette capacité à se mettre des ornières m'époustouflera toujours.
D'ailleurs les mères partent sur un projet "on va aller tous ensemble en Algérie l'été prochain revoir les maisons de notre enfance comme on a fait en Espagne cet été ", même pas en rêve j'y vais avec eux.
Moi j'attends de voir qu'elles aillent en Algérie, tu vois...